TOUJOURS LA ROUTE

Publié le par asaghost

Sur la route de Jaisalmer, Rahjastan, Inde
Heure locale : 7.52 am Temp.ext. : 47°C humidité : 0%
latitude : 26°56'4.74"N longitude : 71°52'7.07"E

Son : Always the Sun, the Strangler

 

Départ de Jodhpur, café sur le toit de l'hôtel, l'air est presque aussi chaud que le café et de toute façon suis beaucoup moins pressé de le boire ce café quand je constate qu'il y a de l'œuf séché sur tout un côté intérieur de la tasse (et que donc la partie sous le niveau du café est en train de se dessécher forcément et que donc l'œuf commence à se répandre dans mon café ce qui forcément me fait me poser des questions sur la façon dont est faite la vaisselle et encore plus ce café) Alors que je suis un peu mort de fatigue et bien la tête en vrac par cette deuxième nuit sans sommeil, le serveur ne cesse de me parler, de me dire que c'est dur pour lui, qu'il ne gagne pas beaucoup d'argent, qu'il travaille dans cet hôtel mais qu'il en a marre de travailler pour les autres, il veut monter son propre hôtel, qu'il a besoin de gens comme moi pour lui faire de la publicité parce que j'ai l'air sympathique (!!!...la bonne blague, je me suis fait peur à moi-même en me voyant dans le miroir tout à l'heure) et qu'il a besoin de financement extérieur pour monter son affaire et comme je vois venir le truc gros comme une vache en pleine rue, je clos la conversation d'un air sérieux en disant que je dois préparer mon sac (que je n'ai pas vraiment défait, voir pas du tout) et qu'il est tard, et qu'on est en retard avec mon chauffeur pour se rendre à Jaiselmer...Il a un mouvement de surprise, comme si je venais de le sortir d'une profonde rêverie et me salut en regardant à droite et à gauche comme s'il se demandait ce qu'il foutait là. J'ai pas fait trois pas qu'il me relance « mister, mister »...je me retourne et le regarde en souriant (parce que je suis poli) et il regarde un coup le ciel, fait une petite grimace marrante et me dis « today..verrrrry hot... » et il part avec ma tasse de café en prenant garde de ne pas en renverser le contenu comme s'il allait resservir. Sa petite phrase m'a remis d'aplomb je ne sais pas pourquoi. Very hot ? C'est bon quoi, j'en ai vu d'autre...Et vingt minutes plus tard, on est reparti avec Ravindra non sans que j'ai eu le temps de dire à la réception que la climatisation était « Real Bullshit ! » ce qui les a fait bien rire et vous vous demandez pourquoi je l'ai pas fait la veille, tout simplement parce qu'à sept heures, il n'y avait plus personne à la réception...

Et la route reprend avec Jodhpur qui disparaît dans le rétroviseur et le désert qui s'étend à perte de vue. Ma fenêtre est ouverte et Ravindra, qui n'a pas beaucoup dormi non plus, tire un peu la gueule, je lui dis qu'il peut mettre la clim s'il le souhaite, ça fera quand même de l'air frais même si la fenêtre est ouverte. Il accepte et je tourne toutes les aérations vers lui. Il sourit enfin et me dis « You...you want AirrrCon in room but no Airrrrcon in the Carrrr...?! », je réponds « AirCon only for sleeping...in the car, I want to feel the real air ! »...il me dévisage en souriant (pas longtemps parce qu'il doit aussi dévisager la route) et lâche, passif, en balançant la tête de droite à gauche « You crrrazy...today..verrrry hot ! »

Et curieusement, alors que deux fois, nous sommes arrêtés plusieurs minutes à un passage à niveau, si je ressens vraiment la chaleur, elle ne me fait pas souffrir comme les deux dernières nuits, au contraire, je m'y sens presque bien dans cette chaleur du désert. Mais à l'approche de midi, on s'arrête dans un bouiboui de bord de route pour avaler un chapati et un Dal et juste après le repas, premier signe de faiblesse alors que j'attends en plein soleil que Ravindra ouvre la voiture. J'ai l'impression que je vais m'écrouler, je me sens bien mais j'ai juste l'envie de lâcher tout mes muscles et de me laisser choir, très étrange sensation qui ne dure pas plus d'une minute et on est reparti. Il y a 350Km de Jodhpur à Jaisalmer, on mettra prés de 7 heures pendant lesquelles, les bouteilles d'eau vide s'additionnent à mes pieds, les chants traditionnelles me seront tellement rentré dans les oreilles que je commence à bien reconnaître les morceaux et arrivent à chanter les refrains en phonétique sans plus aucun problème et quand enfin, on pénètre Jaisalmer, cité du désert à quelques centaines de bornes de la frontière du Pakistan, je suis pris d'un réel soulagement en voyant les rues quasi désertes, le calme apparent me plait et j'ai l'impression d'arriver dans une petite bourgade bien gentille et sans histoire...Et d'ailleurs c'est curieux comme par moment, les premiers instants passés dans une ville sont déterminants (ou peut-être est ce une illusion) mais il me semble qu'à chaque fois que j'arrivais dans un lieu, en Inde comme ailleurs, dés les premiers instants je savais si j'allais me sentir bien ou pas. Et là, j'ai le sentiment que ça va le faire...une cité Historique dans le désert, faudrait quand même être un gros con pour pas bien sentir le truc aussi...

Publié dans step 006 : Rahjastan

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article