MARCHE CENTRAL et nuit d'insomnie

Publié le par asaghost

Johdpur, Rahjastan, Inde
Heure locale : 5.37 pm Temp.ext. :  48°C humidité : 0%
latitude : 26°17'42.34"N longitude : 73° 1'26.34"E

Son : Under Arrest, Serge Gainsbourg

 

Depuis le début de ce tour du monde, je me suis rendu sur un nombre innombrable de marché, l'ambiance y est toujours foisonnante de saveurs et d'images sur le style de vie des autochtones (alors bien sûr, c'est vrai qu'il y a aussi les supermarchés qui peuvent en apprendre beaucoup mais bon...je verrais ça quand je serais aux USA à la limite). Donc là, ici, à Jodhpur, le marché central est concentré dans une architecture à ciel ouvert en forme d'immense croix avec un cœur central en forme de dôme. Et ce qui est hallucinant, ce n'est pas tellement l'architecture cette fois ci mais la fourmilière humaine, des gens, des tuks-tuks, des vélos, des scooters, des stands de tout et n'importe quoi, toujours dans le même chaos indescriptible et une apparente manque de logique dans la façon dont sont disséminés les différents « stands »...carrioles de fruits à côté du vendeur de chemise, confection de pâtisseries coincée entre le marchand de légume et de sandale. Je vois même entre deux vélos, assis sur le sol, un barbier ! Et comme d'habitude dans ce pays (comme en Turquie ou en Afrique), il se trouve toujours un gars, tout le deux mètres qui veut me montrer (me vendre) son stock de montres, de pantalons, de t-shirts ou de chaussettes. Donc, sur les quelques deux cent mètres que font la longueur d'une des allées du marché, je me fais accoster six ou sept fois par des gentils Indiens qui commencent tous de la même façon : « hello my friend, how are you ? », et ensuite « where you come from ? » et « how long in India » et enfin « please, come to see my shop, you will buy best quality »...Ah bin oui, c'est sûr, il n'y a qu'à voir la poussière charriée au centimètre carré, la chaleur gluante, l'odeur de poubelles et d'égouts et tout de suite, ça me rassure sur la qualité des produits que je vais acheté. Quoi, vous ne me croyez pas ? A Goa, j'ai voulu acheter une chemise, en la sortant de son cintre pour la regarder, j'ai pu voir les marques d'usure du cintre sur le tissus et le délavement des couleurs par le soleil sur les parties exposés comparée aux parties cachés (devant de la chemise fade et aisselle hyper colorée par ex.), à Udaipur, idem, j'étais tenté par une chemise en coton léger, sur le stand, elles portaient toutes la trace des mains sales qui les avaient examinées et fait défilées, à Ranakpur, idem, sauf que là, les chemises étaient toutes avec des accrocs. Alors bien sûr, je ne veux pas faire de généralités, il y a moyen, au Rahjastan, de trouver des vêtements corrects plus sûrement que de tomber sur des failles comme je viens de les citer. Ceci dit, sur le marché en question que j'arpente, tout à tellement l'air de sortir d'un container qui n'aurait pas été ouvert depuis les années 60 que je suis obligé de décliner les invitations de ces gentils rabatteurs..ah sinon, ils sont très gentils, très souriants...un peu moins quand vous ne voulez pas acheter c'est sûr aussi...

Voyant que le jour décline vite, je quitte rapidement le marché pour retourner à l'hôtel car je veux faire des photos depuis le toit d'où il y a une vue extraordinaire sur la ville. J'y suis une demi heure plus tard, après avoir traversé le chaos urbain (et je commence à me demander comment on fait pour pouvoir vivre dans tant de bruit, de chaleur, de poussière?? la ville a l'air d'être en travaux partout, il y a dans toutes les rues une foule ahurissante et j'ai l'impression d'effectuer un parcours de survie tout les mètres)...Donc, retour à l'hôtel, sur le toit, un des serveurs m'a emmené un coca et c'est le premier objet frais que je touche depuis le début de la journée, première gorgée, fait vraiment du bien même si ça ne stoppe pas ma transpiration qui continue de mouiller mes vêtements comme s'il pleuvait sous mon t-shirt; deuxième gorgée, tiens, pas aussi fraiche que la première...je pose la bouteille, allume une clope, sort mon appareil photo (qui est brûlant comme tout ce que je touche depuis que je suis arrivé au Rahjastan), fait une photo, reprends mon coca, troisième gorgée, elle est chaude ! Cette bouteille est sorti depuis peut-être cinq minutes d'un frigo et le précieux élixir est déjà chaud ! Je sens les perles de sueurs affluer en masse sur mon front, mon torse et finit rapidement la bouteille tant que le coca avant qu'il ne se mette à bouillir. Sur le toit m'ont rejoint Ravindra, le serveur (qui lui n'a pas bougé en fait) et ce qu'on pourrait appelé le manager de l'hôtel, le dernier lien avant le big boss. Celui ci à une paire de jumelle et scrute avec les deux autres les environs pendant que je fais des clichés de la ville et je trouve sympa de voir ces gars venir profiter de la vue pour admirer leur ville, car c'est vrai que depuis cette terrasse, on domine tout à 360° et la vue sur le Fort de Mehrangarh est absolument incroyable. Mais au bout d'un moment, je suis surpris car non seulement ils se disputent les jumelles mais en plus ils sont tordus de rire, mais un rire gêné, comme des ados qui voient un baiser pour la première fois. Je m'approche et soudain, ils redeviennent plus sérieux, le manager refile les jumelles au serveur et s'éclipse vite fait, puis le serveur refile les jumelles à Ravindra et s'en va aussi d'un pas pressé quand j'arrive enfin à leur hauteur. Je demande à Ravindra ce qui est si drôle mais il fait mine de rester sérieux et m'assure qu'il n'y a rien. Mais comme c'est pas à un jeune singe qu'on apprend à faire le con, je prends mon appareil photo, pousse le zoom à fond et regarde dans la direction qui les intéressaient même pas une minute avant. Difficile pourtant de trouver l'objet de leur attention, je ne vois que des toits, des bouts de murs, des ruelles encombrés jusqu'à ce que finalement Ravindra lâche le morceau et me dise où regarder à condition que je lui laisse voir. Et en fait, ce qu'ils mataient depuis dix minutes, c'était un toit où trois adolescentes (enfin, plus jeunes qu'ado je dirais même, 12 ans max quoi !) se lavaient avec leur mère ! Non qu'elles se lavaient sur le toit mais dans la pièce donnant sur le toit, sans porte et se séchant juste devant, à l'air libre. J'esquisse un sourire très gêné en regardant Ravindra en lui disant que ce sont des enfants, sa seule réponse, en fronçant les sourcils : « you sure ? »...Bin oui, en général à part Kate Moss et Jane Birkin, quand y a pas de seins, c'est du 12 ans max mon pote ! Mis comme il ne connait pas Jane ni Kate, je fais juste un signe de tête et repart à l'autre bout de la terrasse en laissant Ravindra tout embarrassé avec ses jumelles dans les mains. Je repense au manager et au serveur qui ont la quarantaine passé et j'ai un drôle de goût d'écœurement dans la gorge et finalement ne suis pas mécontent d'avoir dit à Ravindra qu'on ne resterait pas deux jours dans cette ville. La nuit est tombée, on se lève demain à sept heures pour partir plus en avant dans le désert et je redescends donc dans ma chambre pou me doucher et bouquiner un peu au pieu. Première surprise, la température dans la chambre qui est pire qu'à l'extérieur et ça me rappelle cet été où il y avait eu la canicule tueuse en France, j'en pouvais plus de la chaleur chez moi jusqu'à ce que je me rende compte, fin aout (donc à la fin de la canicule) que tout les radiateurs étaient allumés sur température maximale ! Bin là, je ressens la même chose, c'est suffocant, du coup, j'allume la climatisation à fond et fonce sous la douche. Il fait encore plus chaud dans la salle de bain et je suis déjà mouillé avant même d'avoir tournés les robinets. Je ne vois même pas le robinet d'eau chaude et tourne à fond celui de l'eau froide en jouissant à l'avance de la fraicheur annoncé par le petit logo bleu marqué COLD sur le robinet. Et l'eau jaillit...chaude. Avec une sale odeur. Je me dis que c'est parce qu'elle a stagné dans les tuyaux et que ça va se rafraichir. Mais non. Je me dis aussi qu'ils ont peut-être interverti les robinets donc je teste l'eau chaude qui est en fait à la même température que la froide. Un peu blasé parce que j'avais vraiment envie de me rafraichir après avoir pué toute la journée, je sors de la douche, m'essuie avec la serviette (chaude elle aussi et revient dans la chambre surpris que la température n'y ait pas baissé avec la clim. Je me dis que ça va venir et me colle au pieu avec mon bouquin, sous la clim jusqu'à ce que je me rende compte que cette clim ne fait que brasser de l'air sans en changer la température, comme un ventilo en fait, en moins bien puisque je n'arrive pas à régler la machine et donc que le jet d'air pulsé monte et descend doucement ce qui fait que pendant une minute je suis dans le courant d'air et les deux minutes suivantes (le temps au courant d'air de remonter, de stagner et de redescendre), je suis dans la fournaise. Pour donner un exemple de la chaleur, sans rien faire, allongé sur le lit, mon nombril est rempli de sueur et déborde régulièrement pour glisser le long de mes flancs qui ruissellent eux aussi et le tout vient humidifier un peu plus les draps déjà bien alimenté par mon dos, mes jambes et mon coup. Il doit faire dans les 42-44° et je passerais la nuit suivante à attendre toutes les deux minutes que le jet d'air redescende vers moi pour un m'aérer, commencer à m'endormir jusqu'à ce qu'au bout d'une minute sans air, je me rouvre les yeux en me répétant mon nouveau mantra involontaire« mais putain qu'est ce qu'il fait chaud! » et ainsi jusqu'à ce que le souffle d'air redescende, moment où je ferme à nouveau es yeux pour les rouvrir une minute et demi plus tard. Et voilà comment je passe ma nuit à Jodhpur, en dormant une minute toutes les deux minutes...Alors évidement, quand je rouvre les yeux définitivement à sept heures du matin, j'ai un peu la tête dans le sac et je n'ai qu'une envie, c'est d'être assis dans l'ambassador, sur la route, fenêtre ouverte et vend dans la gueule parce que la fenêtre ouverte quand on roule...That's Freedom...

 


Publié dans step 006 : Rahjastan

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